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dernière mise à jour 19/11/2019

La prise en charge psychologique


Brochure patient : accompagnement psychologique par les psychologues de ville des personnes touchées par le cancer

Pourquoi des psychologues et des psychiatres en cancérologie ?

Au cours de la maladie cancéreuse, vous et vos proches pouvez vous trouver confrontés à d'importants bouleversements. Une rencontre avec un psychiatre ou un psychologue peut vous apporter une aide, parallèlement au soutien relationnel des médecins et de l'équipe soignante. Cet accompagnement est d'autant plus nécessaire que l'entourage familial et amical est lui-même parfois démuni dans cette situation.

L'intégration de psychiatres et de psychologues dans les services hospitaliers apporte une connaissance actualisée des réalités de la maladie et des difficultés qu'elle fait vivre aux malades, aux proches et aux professionnels qui les soignent. Ils peuvent aider à traverser une période de crise et vous permettre de mettre en mots vos émotions, de les exprimer sans tabou. Ils vous aident à affronter les désordres émotionnels entraînés par la maladie. Ils sont aussi compétents lorsque vous avez des difficultés à parler de la maladie à vos proches. Beaucoup de patients sont aussi des parents qui peuvent être aidés à répondre aux besoins de vérité et d'accompagnement psychologique de leurs enfants.

La psycho-oncologie

La psycho-oncologie a pour objet la prise en compte des dimensions psychologiques, psychiatriques, comportementales, familiales et sociales en relation à un cancer. C'est une composante de la multidisciplinarité du soin en cancérologie. Son développement, relativement récent, répond essentiellement à la nécessité de prévenir et traiter les répercussions négatives de la maladie cancéreuse sur le psychisme du patient et de son entourage, d'aider le patient à rester lui-même et garder sa liberté de décision, en proposant un accompagnement adapté aux besoins de la personne malade et de ses proches.

La psycho-oncologie est exercée par des psychiatres et des psychologues auprès des personnes atteintes de cancer, pendant le traitement et après (s'intéressant à la réinsertion, au devenir, aux séquelles éventuelles). Elle peut aussi aider à prendre en charge des comportements à risque comme le tabagisme. Elle intervient auprès du patient mais aussi de sa famille. Elle tient compte des effets neuro-psychologiques de la maladie et/ou des traitements, mais aussi des conséquences sur les modes de vie, de penser, les relations aux autres.

Depuis plusieurs années, des psychologues et des psychiatres interviennent, directement auprès des malades et de leurs proches, mais aussi en aidant les équipes médicales dans leurs relations avec ces derniers.

Ils sont en mesure de dialoguer sans jugement ou censure avec les malades et avec leurs proches de leurs réactions à la maladie et à ses conséquences, de leurs questions, de leurs réflexions sur leur situation présente, leur vie avant la maladie, leur avenir, etc. Ils essayent de les aider à trouver les meilleures façons de traverser cette période difficile.

Ils peuvent aider les malades et les proches à mieux communiquer, à "parler vrai" et à dépasser les difficultés relationnelles liées à la maladie. Ils sont disponibles également pour aider les parents malades à parler du cancer à leurs enfants et les accompagner dans leur vécu de la situation.

Quelle différence y a-t-il entre un psychiatre et un psychologue ?

Le psychiatre est un médecin spécialiste qui a suivi une spécialisation complémentaire de 4 ans en psychiatrie, et formé au fonctionnement du psychisme, à ses perturbations et à la pharmacologie, ainsi qu'aux difficultés personnelles et relationnelles des individus, et à différentes techniques d'entretien.

Il est à même de prendre en charge les situations de pathologies mentales, mais aussi de faire face à certains troubles psychologiques réactionnels comme il peut en apparaître lorsqu'un patient est atteint d'une maladie comme le cancer. Comme tout médecin, il peut prescrire des médicaments.

Les psychiatres travaillant en cancérologie sont particulièrement sensibilisés au diagnostic et au traitement de la dépression et de l'anxiété réactionnelles à la maladie, du désarroi et des difficultés relationnelles et comportementales ainsi qu'aux troubles cognitifs (langage, mémoire,...) liés à la maladie et à ses traitements.

Le psychologue n'est pas un médecin. Il a suivi une formation universitaire d'au moins 5 ans sanctionnée par un diplôme (DESS). Spécialisé en psychologie clinique, et formé aux difficultés personnelles et relationnelles des enfants, adolescents et adultes, il a une capacité et une aptitude particulières à aborder avec autrui sa souffrance psychique dans le but de l'aider.

Le psychologue clinicien est spécialisé dans la connaissance du fonctionnement du psychisme, et des difficultés personnelles et relationnelles des enfants, adolescents et adultes. Il est formé pour aider autrui à parler de sa souffrance psychique, en étant attentif à respecter le rythme propre à chacun.

Psychiatres et psychologues disposent de différentes techniques de prise en charge psychothérapeutique, qu'ils utilisent en fonction des patients et des difficultés rencontrées. Ces types de psychothérapie peuvent s'inspirer de différents courants (thérapies cognitivo-comportementales, thérapies familiales, corporelles, psychanalyse...), mais sont toujours adaptées au contexte de la cancérologie.

En ville, les consultations auprès de psychiatres libéraux peuvent être remboursées comme les autres consultations médicales, en tenant compte du conventionnement (avec ou sans dépassement du tarif de base).

Les consultations auprès des psychologues en ville ne sont par contre pas remboursées. Une exception cependant dans les Centres Médico-Psychologique de secteur (CMP), où la prise en charge est gratuite, mais ne peut se faire que dans le CMP dont dépend l'adresse du patient. Pour savoir de quel CMP vous dépendez, vous pouvez vous adresser à votre mairie.

Quelques bonnes raisons de consulter :

Les raisons qui amènent à consulter sont nombreuses. Il peut s'agir :

Pour le patient

  • d'un désir de parler de la maladie avec un autre interlocuteur qu'avec ses proches, même s'ils sont très soutenants ;
  • du sentiment d'une perte de ses repères habituels, de questions sur ses choix de vie, sur sa situation globale ;
  • de la peur de ses propres réactions face à la maladie et de celles des autres ;
  • de la difficulté à accepter les traitements et leurs effets secondaires éventuels ;
  • du sentiment de mal-être, la perception d'un désarroi ou d'un sentiment de détresse psychologique ;
  • des fluctuations de l'humeur et des troubles du sommeil ;
  • de la persistance d'idées noires, de l'envie de tout laisser tomber ;
  • d'un doute sur l'opportunité d'un traitement psychotrope, notamment antidépresseur ;
  • des difficultés à communiquer, d'un sentiment d'être coupé des autres et incompris ;
  • des difficultés à parler de la maladie à ses proches, notamment à ses enfants ;
  • de la perturbation des relations familiales, sociales ("le regard des autres", la difficulté à se situer après la maladie...).

Pour l'entourage

  • Il s'agit le plus souvent de difficultés de communication avec le malade, dans le soutien qu'on lui apporte.

Tous ces éléments et bien d'autres encore, que nous n'avons pas énumérés, peuvent ponctuer la traversée de la maladie et de l'après traitement.

Ils sont nécessaires, suffisants et légitimes, pour demander ne serait-ce qu'une fois l'avis d'un tiers professionnel comme un psychologue ou un psychiatre. Ceci n'implique pas forcément la nécessité d'un suivi durable.

Quelques mauvaises raisons... de ne pas consulter !

  • "Les psys, c'est pour les fous" : depuis bien longtemps maintenant, des psychiatres et encore plus de psychologues, travaillent dans des secteurs de la vie sociale très divers et notamment dans beaucoup de services de médecine accueillant des personnes atteintes de maladies graves, chroniques ou invalidantes. Une part importante de leur travail est d'aider les gens à réfléchir aux situations difficiles auxquelles ils sont confrontés et à ne pas en être trop déstabilisés.
  • "Aller voir un psy, c'est un signe de faiblesse, il faut s'en sortir tout seul" : face à une épreuve si particulière comme peut l'être la traversée d'un cancer, ne pas arriver à trouver en soi ou auprès de ses proches les ressources pour régler les difficultés est courant. Chacun a ses limites, et le reconnaître peut aussi être la marque d'un certain courage.
  • "Si on va voir un psy, on en prend pour 10 ans": un"psy"compétent verra avec vous de quelle aide vous avez besoin. Ceux qui travaillent en cancérologie reçoivent les malades (et les proches) sur des durées très variables qui s'adaptent à chaque situation : cela peut être sous forme de quelques rencontres ponctuelles, ou sur quelques mois (durant une période de traitements par exemple), mais ils peuvent aussi accompagner la personne sur des durées plus longues lorsque le patient le demande et que c'est nécessaire, et si bien sûr l'institution le permet.
  • "Je n'ai pas envie d'être assommé par des médicaments": la prescription d'un traitement psychotrope (anxiolytique, antidépresseur, neuroleptique) n'est en rien systématique quand on consulte un psychiatre. Lorsqu'elle est utile, elle est adaptée à la tolérance du patient. Les nouveaux antidépresseurs sont en général bien tolérés et n'entraînent pas d'accoutumance.
  • "Je n'ai pas envie que ce que je dis soit connu de tous". Les psys, comme les autres soignants, sont soumis au secret professionnel. Les entretiens restent confidentiels et les psys ne transmettent aux autres soignants que ce qui est strictement nécessaire pour éviter les malentendus ou les conflits, et pour contribuer à une bonne relation soignant-soigné, nécessaire à un bon déroulement du traitement. Mais ils ne racontent pas la vie privée du patient ni les histoires de famille.

Prise en charge

L'accompagnement dont un patient va pouvoir bénéficier dépend de la structure de soins dans laquelle il est accueilli.

Dans certains établissements, il peut y avoir une unité de psycho-oncologie rattachée à un département de soins de support, une équipe de psychologues/psychiatres travaillant dans le service où est soigné le patient ou bien encore une unité mobile de psychologues ou de psychiatres intervenant dans les différents services de l'hôpital.

Le patient peut être également orienté vers un Centre Médico-Psychologique.

Il est également possible, en fonction de la situation, que la consultation ait lieu pour un couple, ou pour une famille...

Dans certains cas une prise en charge psychothérapeutique de groupe pourra être proposée par votre médecin, notamment dans certains cancers du sein.

Par ailleurs, une aide psychologique peut être délivrée dans le cadre des services de soins infirmiers à domicile ou de l'hospitalisation à domicile.

La prise en charge psychologique des patients atteints du cancer et de leurs proches est aujourd'hui une nécessité mieux prise en compte. Le nombre de postes de psycho-oncologues a été renforcé depuis 2003 : 127 postes de psycho-oncologues ont été, par exemple, créés en 2004 et 2005 dans les établissements publics et participant au service public.

Groupes de parole

Ils peuvent être organisés à l'initiative de l'établissement hospitalier ou d'associations. Animés par des professionnels, ces groupes permettent d'échanger, de rencontrer des personnes confrontées aux mêmes problèmes, aux mêmes inquiétudes. Le patient peut ainsi s'exprimer, parler de choses dont il ne s'ouvre pas forcément à son entourage.

Il existe également des groupes de parole pour les proches des patients, les parents d'enfants malades … Là encore, c'est un bon moyen de parler de ses difficultés et d'échanger. Il ne faut pas hésiter à se renseigner auprès de son établissement de soins ou de la Ligue contre le Cancer, afin de savoir s'il existe près de chez soi des groupes de paroles.

Associations

Associations d'aide aux patients, associations de parents, de proches, d'anciens malades, associations d'usagers… Leurs modes d'intervention sont variés mais leur rôle est important. Elles apportent au patient et à leurs proches un soutien, au plan humain ou social, des informations, un moyen de rencontre, d'échanges. Elles permettent, bien souvent, de rompre la solitude et de trouver écoute et accompagnement.

Pour avoir l'adresse d'un psychiatre, ou pour connaître le service de psychiatrie de votre secteur vous pouvez :

  • demander une adresse à votre médecin généraliste ou à votre oncologue
  • consulter le fascicule d'information de votre mairie, pour trouver l'adresse du Centre Médico-Psychologique le plus proche
  • vous adresser aux associations de professionnels

Retrouvez plus d'infos sur le site de l'INCa ici


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Elles ne remplacent en aucun cas les consultations
auprès des médecins et services médicaux officiels.

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